L'Orient Le Jour, 12'11'2002
related project: Pas de Place
Publication - « Pas de place »,
installation sur papier de l’atelier de recherche de l’Alba
Arrêts sur des non-lieux

Une installation sur papier. C’est l’option que l’atelier de recherche de l’Alba, mené par trois enseignants (Pierre Hage-Boutros, Rana Haddad et Grégory Buchakjian), a choisie par défaut. Pas de place, une publication de quatre pages format tabloïde, a remplacé l’exécution sur le terrain, à savoir ce qui correspondait à l’ancien Beyrouth. 

Chez moi-chez toi
« Nous avions proposé à nos étudiants de travailler sur le projet initié par le Collectif 12 – conglomérat artistique installé à Mantes-la-Jolie –, et qui se déroule dans cette ville, à Marseille et à Beyrouth. Intitulé “Chez moi-chez toi”, il s’intéresse aux points de rapprochement et d’éloignement que l’étudiant découvre dans une zone délimitée de Beyrouth », explique Grégory Buchakjian. Cette zone a été délimitée par une recherche effectuée auprès de 100 personnes, qui ont donné leur propre définition de la frontière dans le centre-ville. 
À partir de cette « ligne rouge », les étudiants ont entamé leur travail de repérage d’un espace à s’approprier pour s’y sentir chez soi. Six mises en forme ont alors été proposées, en septembre dernier : un film de 3’33 intitulé Ma Fi, réalisé par Jihane Tohmé, Sybille Nasrallah et Marie-Noëlle Haddad ; une histoire graphique, Beyrouth catharsis de Zeina Abirached ; 11 échantillons sonores réunis sous le titre Khabouth et arrangés par Edmond Khabouth ; deux interventions sur le thème « À la recherche de la ligne rouge » proposées par Chady Najem : « 15 Louis XV à l’ombre » (15 fauteuils Louis XV dans le tunnel Georges Haddad) et « La Tour » (430 barils dotés d’une paire d’yeux dans les fenêtres de la tour Murr). 

Diffusion en ville
Si les trois premières réflexions ont pu être réalisées, les trois autres sont restées sur le papier, si bien que le projet initial, Chez moi-chez toi, a été exécuté de manière complète par les artistes du Collectif 12, exposé jusqu’au 15 novembre au centre-ville. Mais l’atelier de recherche ne s’est pas laissé désemparer par les « non-réponses » de la municipalité de Beyrouth et a exposé le résultat de ses recherches dans Pas de place, distribué gratuitement dans certains espaces urbains : « Les installations ne sont pas en ville, mais diffusées en ville par ce biais », commente Grégory Buchakjian. 
À part la publication du constat de l’impossibilité, pour aucun des étudiants-enquêteurs, de s’installer dans un lieu donné, les trois enseignants ont choisi de donner la parole à des architectes, penseurs et autres intervenants libanais ou étrangers, à partir de mots précis que chacun d’entre eux a défini à sa manière.
Pas de place est donc une vitrine passionnante de la ville, en rapport avec ses habitants d’aujourd’hui : « Les étudiants ont repéré des lieux qui sont des riens, poursuit Grégory Bujakjian. Autrement dit, Edmond Khabouth a rapporté les sons urbains dans sa propre chambre, les trois réalisatrices ont donné à leur court-métrage le titre éloquent de Ma Fi, c’est-à-dire “rien” en arabe, tandis que Zeina Abirached a vu la ville à travers ses murs. » 

*Khabouth est disponible sur le site www.alba.edu/ar/khabouth, et Ma Fi sera diffusé sur Zen TV le 15 novembre à 17h30 et peut être commandé sur le site www.alba.edu/ar/mafi. Beyrouth catharsis est en vente au stand de la Maison du livre et peut être lu sur le site www.alba.edu/ar/beyrouthcatharsis

Diala GEMAYEL